Le 24 Juin 2025, le Conseil National de l’Agriculture Biologique (CNABio) a organisé la deuxième session de son webinaire dédié à l’agroécologie et à l’agriculture biologique. Placée sous le thème «Cultiver autrement face aux défis climatiques : les intrants organiques, une réponse durable pour une campagne agricole réussie », la session a connu un bel engouement qui a donné lieu à des échanges riches et édifiants.
Cette rencontre a permis de mettre davantage en lumière les inconvénients et les limites de l’utilisation des produits chimiques et surtout de présenter les alternatives saines et durables en matière d’agriculture. Lors de cette session, deux présentations ont été faites à savoir : une Étude sur les pesticides au Burkina Faso et les intrants organiques comme réponse aux défis climatiques.
L’Étude sur les pesticides au Burkina Faso menée par INADES-Formation Burkina révèle que l’agriculture conventionnelle utilise de façon abusive les pesticides chimiques de synthèse pour accroître la production. L’Étude a été réalisée dans des zones de forte production maraîchère et cotonnière. Avec un échantillonnage de 210 agriculteurs, 14 fournisseurs et 70 consommateurs, avec analyses d’échantillons de sols, d’eaux et de produits (légumes, niébé). Elle a dévoilé une utilisation de nombreux pesticides non homologués qui induit:
- une pollution excessive dépassant les normes en vigueur,
- une présence de pesticides hautement dangereux (liste PAN-HHP : glyphosate, endosulfan, imidaclopride, etc.),
- une contamination des récoltes au-delà des limites maximales de résidus (LMR).
Le chargé de programme, M. David ZOUNDI qui a présenté cette étude, a conclu en soulignant que les pesticides chimiques posent un danger sérieux pour la santé des producteurs et des consommateurs. Il a fait remarquer qu’il existe un déficit de mécanismes de contrôle sanitaire. Et qu’il est impératif qu’un encadrement strict de l’utilisation des pesticides chimiques soit établi et la nécessité d’alternatives plus sûres
A l’issue de l’intervention de M. ZOUNDI, M. Seydou SAVADOGO a enchainé avec une présentation des alternatives à l’utilisation des intrants chimiques comme pour rassurer les communautés qu’une autre manière de cultiver existe et est accessible. Sa présentation a donc porté sur les intrants organiques comme réponse aux défis climatiques. Dès l’entame il a signalé que le changement climatique (sécheresses, inondations, perte de fertilité des sols, dépendance aux intrants chimiques importés) menace la productivité agricole et la sécurité alimentaire. Et qu’il est impératif de « Cultiver autrement » à travers l’agroécologie et l’usage d’intrants organiques. Ainsi il a mis en avant les types d’intrants organiques: le compost, les engrais organiques solides et liquides, les hydro-rétenteurs, les amendements (phosphate naturel, dolomie), et les engrais organo-minéraux qui peuvent être utilisés en remplacement des intrants chimiques.
L’un des défis majeur des acteurs des bio-intrants est la capacité de production qui est toujours remis en cause. Le Président de la SCOOPS FFIMA a révélé que des acteurs de production des bio-intrants, il en existe et qu’ils ont de très grande capacité de production. Il a alors donné des capacités de production annuelles des acteurs : Intrants organiques solides :
· 150 000 tonnes/an ;
· Engrais organiques liquides : 950 000 litres/an.
Il n’a alors pas manqué de rappeler les multiples avantages des intrants organiques que sont entre autres :
- Enrichissement durable des sols et amélioration de leur structure.
- Réduction de la dépendance aux engrais chimiques coûteux.
- Valorisation des déchets agricoles/urbains et création d’emplois.
- Meilleure rétention d’eau, amélioration progressive des rendements, contribution à la souveraineté alimentaire.
Au regard de tout ce qui précède, le Vice-Président du CNABio avance avec assurance que les intrants organiques offrent une alternative durable face aux crises climatiques et agricoles. Leur adoption à grande échelle nécessite un accompagnement technique, financier ainsi que politique.
Les deux présentations se complètent en ce sens que la première met en évidence les dangers des pesticides chimiques, tandis que la seconde propose les intrants organiques comme solution agroécologique pour protéger la santé, restaurer la fertilité des sols et renforcer la résilience face au changement climatique. Le webinaire a ainsi réaffirmé la nécessité de promouvoir la transition agroécologique au Burkina Faso, en mobilisant producteurs, décideurs et partenaires autour d’une vision commune : cultiver autrement pour un avenir durable.
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